Trop tard, la bureaucratie stalinienne a lancé le Parti communiste allemand dans une lutte aventuriste contre les nazis vouée à l'échec

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Mots-clés : Parti communiste, lutte, nazisme, aventurisme, échec[ modifier ].

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« Notre chef, Ernst Thaelmann, déclara que l’aggravation du conflit nous permettait d’en appeler à "la révolution du peuple". Des mots que tout cela ! Nous savions que nous n’étions pas assez forts pour une révolution. La Reichswehr était saturée de nazis camouflés. Sauf en Prusse, les nazis infestaient la police. Seuls, les syndicats contrôlés par le parti social-démocrate auraient été dans le pays assez puissants pour écraser les Chemises brunes et les Casques d’acier en cas de guerre civile ouverte, mais leurs chefs reculèrent devant cette perspective. Le parti communiste se prépara à jouer le jeu le plus désespéré. Des instructions secrètes envoyées à tous les secrétaires de cellule ordonnèrent de saisir la première occasion pour provoquer un véritable massacre entre sections d’assaut et ouvriers. La mort d’un grand nombre de ces derniers, espérait-on, inciterait les masses syndicalistes à intervenir, outrepassant les ordres de leurs propres chefs. Le parti communiste prendrait alors la tête de foules en colère en réclamant la grève générale et l’armement des travailleurs. Ce plan, aussi criminel que simpliste, devait, dans l’idée de ses auteurs, conduire à la guerre civile et séparer les masses socialistes de leurs chefs traditionnels. Nous autres, communistes, vivant dans notre monde irréel, partions avec l’optimisme de mégalomanes de la planète Mars. Le réveil s’avéra terrible. »

Jan Valtin, Sans patrie ni frontières, Paris, 1947.

« Je pris part à deux réunions orageuses, l’une à Hambourg, l’autre à Berlin, où l’élite des meneurs reçut ses instructions. Moscou exigeait une offensive sur tout le front et le déclenchement d’une grève générale contre le gouvernement de Hitler. À la conférence de Hambourg, un certain Westerman se leva et cria : "Dans quel but ?" Le délégué du Komintern, un Hongrois, répondit d’un ton tranchant :

— Pour supprimer Hitler. Nous avons brisé Kapp, le putschiste, et Cuno, le monarchiste, par des grèves massives. D’autres grèves massives briseront également Hitler.

— C’est de la folie, protesta Westerman. Le camarade du Komintern sait aussi bien que moi que le Parti n’est pas assez fort pour mener à bonne fin une grève générale, et à plus forte raison une révolution. Ce serait la fin du Parti.

— Le camarade Westerman doit comprendre que si on laisse Hitler consolider son pouvoir, il marchera contre l’Union soviétique, riposta le Hongrois. L’hitlérisme cela signifie la guerre. Je vous le dis sérieusement et maintenant plus que jamais, c’est notre devoir de protéger la patrie socialiste. Sans l’Union soviétique, nous n’aurons jamais une Allemagne communiste.

Un rugissement d’approbations accueillit ces paroles. La figure colorée de Westerman devint pâle comme la mort.

— Je songe au sort du Parti des travailleurs allemands, dit-il d’une voix grave et vibrante d’émotion. Son influence sur les masses est insuffisante pour assurer le succès d’une grève générale. Il combattra seul. Il sera exterminé. Si vous dites aux hommes qu’ils doivent mourir pour protéger l’Union soviétique, ils ne se battront pas. Si vous voulez qu’ils se battent, il faut leur mentir, leur faire croire qu’il y a un espoir de renverser le gouvernement de Hitler. Ma conscience m’interdit de mener à une destruction certaine les camarades qui m’honorent de leur confiance.

Westerman s’effondra sur une chaise. L’assemblée restait muette. Les visages trahissaient un mépris silencieux. Le délégué du Komintern répondit avec virulence :

— Devons-nous considérer le camarade Westerman comme un agent de la classe ennemie parmi nous ? Westerman est un conciliateur.

Des cris retentirent : "Raus mit Westerman ! C’est un traître. sortez-le !" Westerman quitta la conférence de son propre gré. On ne lui permit pas de sortir de l’immeuble avant la fin de la réunion. Le lendemain, il fut exclu du Parti. »

Jan Valtin, Sans patrie ni frontières, Paris, 1947.

« À l’heure décisive, l’apathie de la plupart des Allemands était ahurissante. Ils succombaient à la terreur brune presque sans un soubresaut. Ni les dirigeants libéraux ni les chefs socialistes ne semblaient comprendre le caractère de la marée montante qui engloutissait le pays. Leur ligne de conduite était : "Attendons : on verra." Le Komintern, lui, opta pour la position extrémiste. Plus l’échec paraissait évident, plus ses mots d’ordre s’éloignaient de la réalité. Les courriers, porteurs d’instructions secrètes, se succédaient sans relâche. Certains jours, je recevais du quartier général trois ou quatre feuilles d’instructions nettement contradictoires. Toutes recommandaient : "Prenez note et remettez au porteur, ou détruisez." »

Jan Valtin, Sans patrie ni frontières, Paris, 1947.

RéférencesRéférences

Arguments pourJustifications

  • Argument pourLa tentative désespérée de grève générale du Parti communiste allemand en février 1933 a même fourni un bon prétexte à Hitler pour mener la répression contre les communistes

Arguments contreObjections

  • Argument contreL'échec d'une offensive générale contre Hitler en février 1933 n'était pas une évidence

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