Les bolchéviks avaient besoin de briser la résistance des intellectuels pour les rallier au pouvoir des soviets
Résumé
Citations
« La dictature du prolétariat commence précisément par « malmener » les classes autrefois dominantes pour les obliger à reconnaître l’ordre nouveau et à s’y soumettre. Élevés dans le préjugé de la toute-puissance bourgeoise, les intellectuels professionnels demeurèrent longtemps sans croire, sans pouvoir croire, sans vouloir croire, que la classe ouvrière était décidément capable d’administrer le pays, qu’elle n’avait pas pris le pouvoir du fait d’un hasard, que la dictature du prolétariat était un fait inéluctable. Les intellectuels bourgeois considéraient donc avec une grande légèreté leurs obligations envers l’État ouvrier, même quand ils entraient à son service, et trouvaient tout simple, en régime prolétarien, soit de livrer aux impérialistes étrangers ou aux gardes blancs les secrets militaires et les ressources matérielles, soit de recevoir pour la propagande antisoviétique des subsides de Wilson, de Clemenceau ou de Mirbach. Il fallait lui montrer par les faits – et lui montrer fermement – que le prolétariat n’avait pas pris le pouvoir pour permettre à ses dépens des plaisanteries d’un goût aussi douteux. »
« Alors que la lutte pour la conquête et l’affermissement du pouvoir atteignit son plus haut degré d’intensité, que la majorité des intellectuels jouait le rôle d’un bataillon d’assaut de la bourgeoisie, nous combattant ouvertement ou sabotant nos institutions, le pouvoir des Soviets combattait impitoyablement les « spécialistes » parce qu’il se rendait compte de leur valeur organisatrice capitale, tant que, se bornant à remplir les missions que leur confie une des classes fondamentales, ils ne nourrissent pas le dessein d’avoir leur politique « démocratique » personnelle. Ce n’est qu’après que la résistance des intellectuels eut été brisée par une lutte implacable que nous eûmes la possibilité de convier les spécialistes au travail. Nous le fîmes aussitôt. »