Le Parti communiste allemand s'est allié avec les nazis pour perturber et empêcher des réunions publiques du parti socialiste et du parti libéral

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Mots-clés : Parti communiste, Allemagne, alliance, nazisme, social-fascisme, sabotage, réunions[ modifier ].

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« Des trêves furent conclues d’un commun accord entre partisans de Staline et de Hitler chaque fois qu’il y eut à opérer une razzia ou à briser les réunions et manifestations du front démocratique. Durant la seule année 1931, je participai à des douzaines d’entreprises terroristes de ce genre avec les éléments nazis les plus douteux. Au printemps, l’Union socialiste des travailleurs des transports convoqua en conférence les délégués des marins et des dockers de tous les principaux ports de l’Allemagne de l’Ouest. La conférence eut lieu au Bureau du travail de Brême. Elle était publique et les travailleurs furent invités à assister aux débats. Le parti communiste envoya un courrier au quartier général nazi pour y demander l’aide nécessaire au sabotage de la conférence du syndicat. Les hitlériens furent d’accord comme toujours en pareil cas. Quand la conférence s’ouvrit, les galeries se remplirent de deux ou trois cents communistes et nazis. Je dirigeais les opérations, côté communiste, en plein accord avec le chef des sections d’assaut, Walter Tidow, côté nazi. En moins de deux minutes, nous nous étions entendus sur un plan d’action. Aussitôt que la conférence fut suffisamment avancée, je me levai et pris la parole du haut de la galerie. Dans une autre partie de la salle, Tidow en fit de même. Les délégués du syndicat restèrent d’abord sans voix. Puis, le président donna l’ordre d’expulser les deux trouble-fêtes. Nous restâmes assis tranquillement, regardant d’un air moqueur s’avancer deux groupes de fiers-à-bras syndicalistes avec l’intention manifeste de nous jeter dehors. Nous refusâmes de bouger. À l’instant même où le premier syndicaliste toucha l’un de nous, nos partisans se levèrent et la bagarre commença. Le mobilier fut brisé, les participants rossés et la salle démolie. Nous gagnâmes la rue et nous dispersâmes avant que les ambulances et les roll-kommandos de la police arrivent. Le lendemain, la presse nazie et la nôtre publièrent en première page tout un compte rendu sur la façon dont les travailleurs socialistes, indignés de la traîtrise de leurs propres chefs corrompus, leur avaient administré une mémorable correction prolétarienne. »

Jan Valtin, Sans patrie ni frontières, Paris, 1947.

« Une autre fois, ce fut le tour des libéraux allemands. Le parti démocrate avait convoqué une réunion publique pour défendre la constitution allemande. Il avait ordonné à son organisation militaire – les Jeunes Chevaliers allemands – de protéger cette réunion contre les extrémistes. De grosses forces de police prirent également position dans la grande salle. La veille, les nazis s’étaient mis en rapport avec nous : il fallait en finir avec les démocrates, les balayer de la conjoncture politique. On me désigna pour conduire le groupe d’obstruction communiste. Les nazis étaient encore une fois sous les ordres de Tidow, un soldat de fortune de la clique du capitaine Roehm. Nos hordes arrivèrent de bonne heure, remplissant la salle avant que les démocrates n’arrivassent en force. Le principal orateur de la soirée était le général von Lettow Vorbeck, le défenseur de l’Afrique orientale allemande pendant la Grande Guerre. Nous accordâmes à von Lettow Vorbeck dix minutes ininterrompues pour parler. Puis, à un signal donné, un groupe de nazis et de communistes, dans le premier rang de l’auditoire, commença à hurler les insultes les plus violentes au général. La police et les Jeunes Chevaliers allemands intervinrent immédiatement pour réduire au silence les fauteurs de troubles. En quelques secondes, une terrible bagarre éclata. Bouteilles et chaises valsèrent en l’air. Plus d’un millier de provocateurs se coltinaient avec les Chevaliers, la police et quelques milliers de spectateurs innocents. Les hommes de Tidow et les miens avaient amené de la poudre à éternuer, des boules puantes et une grande quantité de souris blanches. La poudre à éternuer et les souris servirent à éloigner les femmes de la réunion. Le général von Lettow Vorbeck fut enfermé dans les lavabos, sous la scène. La police n’osa pas se servir de ses armes, dans la crainte d’atteindre des non-combattants. Elle nous refoula seulement vers la rue où la bagarre continua tard dans la nuit. La réunion des démocrates venus en masse avait été dispersée au-delà de toute espérance, comme tant d’autres de par le Reich. »

Jan Valtin, Sans patrie ni frontières, Paris, 1947.

RéférencesRéférences

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