En novembre 1931 en Allemagne, le Parti communiste organise une grève de marins puis les abandonne à leur sort pour répondre aux intérêts de la bureaucratie stalinienne

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Débat parentCet argument est utilisé dans le débat Lénine est-il le précurseur de Staline ?.
Mots-clés : stalinisme, instrumentalisation, grève, cynisme, Intérêts matériels, bureaucratie, URSS, Parti communiste, Allemagne, marins[ modifier ].

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« Au début de septembre 1931, je reçus l’ordre de me présenter devant Dimitrov, à Berlin. […] Cette réunion arrêta un plan d’action pour de futures grèves, fondé sur une tactique nouvelle dans l’histoire de la guerre industrielle. Le Komintern préparait une manifestation d’envergure contre les compagnies de navigation allemandes. Le 1er octobre, les navires marchands devaient être arrêtés, non seulement en Allemagne, mais dans tous les ports étrangers, ainsi qu’en haute mer. Le prétexte de cette grève devait être la réduction envisagée par les armateurs des salaires des marins. En réalité, il s’agissait de paralyser le commerce allemand en lui portant un coup foudroyant. […] Le 9 octobre, vingt et un navires allemands étaient immobilisés dans le port de Leningrad. Le 13, leur nombre s’éleva à trente-six. […] Le 19 octobre, au matin, un télégramme arriva de Berlin. La grève était terminée, car la réduction de salaire avait été acceptée. Les marins devaient regagner leurs navires. J’étais atterré. Une défaite ! Mais comment et pourquoi ? La réponse me fut donnée un peu plus tard. Les hitlériens, qui avaient soutenu la grève dans ses débuts, avaient exécuté une de leurs volte-face habituelles et fait une offre aux armateurs d’équiper leurs navires avec des nazis. Bientôt, des bateaux commencèrent à quitter Hambourg, manœuvrés exclusivement par des membres des sections d’assaut. Pour s’opposer à la conquête de la marine marchande par Hitler, le parti communiste avait ordonné à ses militants de retourner à bord de leurs navires. Et c’est ainsi que s’acheva la grève. »

Jan Valtin, Sans patrie ni frontières, Paris, 1947.

« Les contrecoups se firent sentir. Les lois maritimes de la république de Weimar étaient celles de l’Allemagne impériale. En vertu de ces lois, les marins qui se mettaient en grève en haute mer ou dans les ports étrangers étaient coupables de mutinerie. Dans les ports allemands, on installa des tribunaux spéciaux pour juger les mutins. Les tribunaux fonctionnaient en trois relèves, vingt-quatre heures par jour. Les équipages qui avaient participé à la grève à l’étranger étaient cueillis par la police dès leur arrivée dans les eaux allemandes, et les mutins conduits devant le tribunal. Cent quarante-deux militants qui avaient répondu à l’appel communiste furent ainsi envoyés en prison. […] Comme la plupart des campagnes communistes, celle-ci laissa dans son sillage des espoirs brisés, des foyers détruits et la misère pour ses trop confiants protagonistes. »

Jan Valtin, Sans patrie ni frontières, Paris, 1947.

RéférencesRéférences

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