Staline a excellé dans l'art de l'intimidation et de la terreur lors de grèves

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Débat parentCet argument est utilisé dans le débat Lénine est-il le précurseur de Staline ?.
Mots-clés : stalinisme, terreur, intimidation, grève[ modifier ].

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« À l’aube du 1er octobre [1931 en Suède], l’appel à la grève et à la mutinerie fut radiodiffusé. Trois vapeurs allemands se trouvaient dans le port de Leningrad. […] J’allai à bord de chacun d’eux avec trois hommes de la Guépéou. Je me frayai un passage parmi les officiers qui protestaient, et convoquai l’équipage pour lui annoncer qu’il était désormais en grève et que les armateurs allaient prendre une leçon qu’ils n’oublieraient jamais. Les communistes de chaque équipage votèrent rapidement la grève. Ceux qui s’y refusèrent furent avertis qu’ils seraient traités en briseurs de grèves s’ils s’entêtaient. Quelques-uns persistèrent. À bord de l’Asta [l’un des vapeurs], l’officier de service interdit l’entrée de la passerelle, un revolver à la main. Des bandes de débardeurs russes, conduites par un homme de la Guépéou, forcèrent le passage. L’officier de l’Asta fut abattu et les rebelles débarqués à terre de force. Une heure plus tard, je pouvais télégraphier à Hambourg, à Brême, à Anvers et à Rotterdam : "Les équipages allemands à Leningrad sont cent pour cent en grève. Appel à tous les autres équipages pour suivre l’exemple des mutins de Leningrad." »

Jan Valtin, Sans patrie ni frontières, Paris, 1947.

« Les armateurs tentèrent alors de remplacer les mutins par des marins chinois dont quelque trois cents se trouvaient répartis dans des pensions de famille exotiques, le long des quais de Rotterdam. À l’instigation de Willem Schaap et de son adjoint chinois, nous décidâmes d’effrayer les marins chinois grâce à ce que le camarade Schaap appela la terreur psychologique. On désigna au poste de chef psychologue le chef de la Ligue du front rouge à Rotterdam. Il prit une bande d’agents provocateurs du Parti et se procura une liste des pensions de famille chinoises. Quelques membres de cette équipe se présentèrent comme des fonctionnaires de la Fédération hollandaise des marins, d’autres comme membres de la police des étrangers de Rotterdam. Ils firent le tour des pensions de famille et menacèrent les marins asiatiques au chômage de déportation immédiate en Chine s’ils s’avisaient de prendre la place des marins hollandais en grève. Quelques Chinois qui passèrent outre à cette injonction furent prestement assommés à coups de sac de sable sur la tête. La grande majorité s’inclina devant le traitement psychologique du camarade Schaap. »

Jan Valtin, Sans patrie ni frontières, Paris, 1947.

« Notre campagne de terreur contre les briseurs de grève et les anticommunistes, agissant dans les rangs des grévistes, progressait de concert avec nos attaques contre les syndicats. Dans le port de Göteborg était ancré le Lumplena qui servait d’abri aux non-grévistes. Nos piquets de grève rendaient l’accès du quai impossible aux jaunes. Ils furent amenés à Göteborg par des vedettes du gouvernement ou restèrent sur le Lumplena jusqu’au jour de leur transfert à bord des bateaux immobilisés par la grève. Au début, j’essayai d’enrayer les activités des non-grévistes en disséminant parmi les équipages de remplacement une vingtaine de mes hommes les plus sûrs. Arrivés en haute mer, nos camarades incendiaient à plaisir les soutes à charbon ou introduisaient du sable fin et du verre pilé dans les engrenages de l’hélice. Si cela ne réussissait pas, ils dénonçaient leurs compagnons aux cellules communistes des différentes escales, les accusant d’être des jaunes. Mais le secrétariat occidental exigea davantage. Richard Jensen m’envoya par un messager du nom de Longfors l’ordre de couler le Lumplena avec sa cargaison de marins hostiles à notre politique dans le port de Göteborg. "À situations imprévues, méthodes imprévues", expliquait-il. »

Jan Valtin, Sans patrie ni frontières, Paris, 1947.

RéférencesRéférences

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