Lors de la prise de Petrograd, les conseillers de la Douma et du Comité exécutif des députés paysans ont tenté de reprendre le palais d'Hiver dans le désespoir le plus pathétique

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Débat parentCet argument est utilisé dans le débat Lénine est-il le précurseur de Staline ?.
Mots-clés : ridicule, Douma, insurrection, révolution d'Octobre[ modifier ].

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« D’une accumulation d’idées et de discours surgit, enfin, sous une tempête d’applaudissements de toute la salle, un plan pratique : la Douma doit se rendre, au grand complet, au palais d’Hiver pour y périr, s’il en est besoin, en compagnie du gouvernement provisoire. […] Les conseillers de la Douma allaient déjà se mettre en marche pour l’épreuve dernière quand un coup de téléphone leur annonça que le Comité exécutif des députés paysans, tout entier, venait se joindre à eux. […] Devant le canal Catherine, à travers la Nevsky, se déployait une ligne de matelots armés, coupant la route à la colonne de la démocratie. « Nous avancerons – déclarent ceux qui s’étaient condamné eux-mêmes – que pouvez-vous faire de nous ? » Les matelots répondirent sans ambages qu’ils emploieraient la force : « Rentrez chez vous et laissez-nous la paix ! » Un des membres du cortège proposa de tomber en victimes ici même, sur place. Mais, dans la décision prise au scrutin ouvert de la Douma, cette variante n’avait pas été prévue. Le ministre Prokopovitch grimpa sur on ne sait quel socle et, « agitant son parapluie » – il pleut souvent à Petrograd en automne –, s’adressa aux manifestants, les invitant à ne pas induire en tentation ces hommes peu instruits et dupés qui étaient effectivement capables de se servir de leurs armes. « Rentrons à la Douma et nous examinerons les moyens de sauver le pays et la révolution. » L’invite était vraiment sage. À vrai dire encore, le projet initial restait, dans ce cas, inexécuté. Mais que faire avec des brutes armées qui ne permettent même pas aux leaders de la démocratie de mourir héroïquement ? « On resta sur place, on gela et on décida de rentrer », écrit mélancoliquement Stankevitch, qui était aussi un des membres du cortège. Mais déjà sans Marseillaise, au contraire dans un silence concentré, le cortège revint par la Vevsky vers la Douma municipale. C’est là qu’il devait trouver, enfin, « les moyens de sauver le pays et la révolution ». »

Léon Trotsky, Histoire de la révolution russe, tome 2, 1930.

RéférencesRéférences

Arguments pourJustifications

Arguments contreObjections

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