Faut-il instaurer un revenu de base ?
Sommaire
- 1 Pour comprendre le débat
- 2 Carte des familles d'arguments
- 3 Arguments POUR
- 3.1 1. De meilleures conditions de vie
- 3.2 2. Plus de justice sociale
- 3.2.1 Une réduction des inégalités
- 3.2.1.1 Persistance des inégalités de capital économique
- 3.2.1.2 Persistance des inégalités de capital culturel
- 3.2.1.3 C'est la redistribution des richesses qu'il faut modifier
- 3.2.1.4 Accentuation des inégalités entre pays riches et pays pauvres
- 3.2.1.5 Accentuation des inégalités entre travailleurs et chômeurs
- 3.2.1.6 Seul un financement par l'impôt direct réduit les inégalités
- 3.2.2 Objection à l'argument « Plus de justice sociale »
- 3.2.1 Une réduction des inégalités
- 3.3 3. Un meilleur rapport au travail
- 3.4 4. Une bonne chose pour l'économie du pays
- 3.5 5. Une mesure adaptée à l'économie du 21e siècle
- 4 Arguments CONTRE
- 4.1 1. Un financement impossible
- 4.2 2. Un désastre économique
- 4.2.1 Plus personne n'ira travailler
- 4.2.1.1 Des études et des sondages qui tendent à prouver que non
- 4.2.1.2 Un besoin de travailler
- 4.2.1.3 Un montant qui incite à travailler
- 4.2.1.4 Reconsidérer les travaux pénibles
- 4.2.1.5 Une hausse de productivité
- 4.2.1.6 La baisse de la production ne signifie pas la détérioration du bien-être
- 4.2.1.7 Une baisse de production nécessaire et souhaitable
- 4.2.1.8 Un remède à la souffrance au travail
- 4.2.2 Une baisse de compétitivité
- 4.2.3 Un risque d'inflation
- 4.2.4 Un risque de fraude pour les expatriés
- 4.2.1 Plus personne n'ira travailler
- 4.3 3. Une déconnexion entre revenu et travail
- 4.4 4. Un risque d'immigration massive
- 4.5 5. Une accentuation de la marchandisation
- 4.6 6. Un mauvais combat politique
- 4.6.1 Une mesure à l'encontre de diverses revendications collectives
- 4.6.2 Une revendication trop imprécise
- 4.6.3 L'abandon de la lutte pour le plein-emploi
- 4.6.4 L'abandon de la lutte pour une meilleure protection sociale
- 4.6.5 Une roue de secours du capitalisme
- 4.6.6 Plutôt qu'un revenu de base, d'autres revendications
- 4.6.7 Objection à l'argument « Un mauvais combat politique »
- 5 Notes et références
- 6 Pour aller plus loin
- 7 Débats connexes
Pour comprendre le débat
Définition du revenu de base
Modalités particulières
Montant
Financement
Défenseurs
Recoupant parfois ces différents clivages, les défenseurs du revenu de base se trouvent aussi bien à droite qu'à gauche de l'échiquier politique, ou encore en dehors des appartenances partisanes. Ses défenseurs vont des altermondialistes aux libertariens, en passant par les chrétiens-démocrates, et rassemblent des universitaires, des personnalités, des hommes politiques et des associations, pour beaucoup regroupés au sein du Basic Income Earth Network.
Mise en place
Actualité du débat
Carte des familles d'arguments
Arguments POUR
1. De meilleures conditions de vie
Une réduction de la pauvreté
Parce qu'il offre à chaque personne de quoi s'acheter un panier de biens et de services essentiels, le revenu de base permet de réduire drastiquement le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté. De plus, parce qu'il est versé à tous les citoyens sans condition, le revenu de base n'est pas soumis au problème du non-recours touchant les populations les plus pauvres, qui en bénéficieraient automatiquement.

Lutte seulement contre la « pauvreté absolue »
Si le revenu de base permet de lutter contre l'extrême pauvreté, il n'est pas forcément une arme contre la pauvreté relative, qui est définie en fonction du revenu médian. En effet, toutes les propositions de revenu de base faites à ce jour sont inférieures au seuil de pauvreté retenu par l'Union européenne, égal à 60 % du revenu médian.
La nécessité d'une lutte contre les inégalités
La pauvreté est liée aux inégalités de richesse, et en particulier de patrimoine. Si le revenu de base n'est pas couplé à des mesures de lutte contre les inégalités, il ne peut réduire efficacement la pauvreté.
Un dispositif peu efficace
Étant d'un montant identique pour les plus riches et les plus pauvres, un revenu de base pour tous conduit à un gaspillage de ressources utilisées pour des personnes qui n'en ont pas besoin, alors qu'il suffirait de cibler les populations pauvres. Résoudre la pauvreté par un revenu de base pour tous est donc un moyen de lutte contre la pauvreté peu efficace.
Une plus grande liberté
En donnant à chacun les ressources monétaires pour bien vivre sans travailler, le revenu de base rend les individus plus libres d'accepter ou non un emploi, de réduire ou non leur temps de travail et de s'adonner à des activités librement choisies. De même, il offre une autonomie financière à toutes les personnes (notamment les femmes et les étudiants) qui souhaitent s'émanciper de leur conjoint ou de leur famille.

Tout dépend du montant
Le revenu de base n'est garant de plus de liberté que s'il est d'un montant suffisant. Il faut que le montant versé suffise à assurer l'autonomie financière, notamment pour que le choix de ne pas travailler ou de réduire son temps de travail ne soit pas contraint par un besoin d'argent supplémentaire.
Un danger pour l'autonomie des femmes
La faiblesse des salaires féminins, ainsi que la domination des représentations qui attribuent aux femmes la principale responsabilité dans l'éducation et les tâches domestiques, restent des obstacles au travail féminin. Instaurer un revenu de base comporte alors le risque d'inciter un grand nombre de femmes à adopter le rôle de mères au foyer, comme l'exemple de l'Allocation parentale d'éducation tend à le montrer.
Plus de temps libre
En donnant aux individus de quoi subvenir à leurs besoins sans avoir besoin d'autant travailler, voire sans avoir besoin de travailler du tout, le revenu de base offre la possibilité d'avoir beaucoup plus de temps libre.

Tout dépend du montant
Tout dépend du montant du revenu de base : plus celui-ci est faible, plus les individus devront travailler pour avoir un niveau de vie convenable, et moins ils auront de temps libre.
Critiques du temps libre
Le temps libre est souvent le synonyme de l'oisiveté. Dans le contexte de crise économique actuelle, l'accroissement de temps libre est un mauvais choix politique (voir les arguments plus loin : Un désastre économique).
Une réduction de la peur du chômage
Si chacun recevait un revenu suffisant pour bien vivre, même en étant sans emploi, le chômage ne serait pas vécu comme il l'est aujourd'hui : comme une situation financièrement difficile qui fait peur.

Tout dépend du montant
Un revenu de base au montant insuffisant pour bien vivre ne résoudrait pas le problème de la menace du chômage.
Pas de stigmatisation
Parce que le revenu de base est versé à chaque citoyen sans qu'il ait besoin d'en faire la demande, il n'y a pas de stigmatisation des bénéficiaires, comme cela est le cas pour les différentes aides sociales.
Objections à l'argument « De meilleures conditions de vie »
Désocialisation, ennui et dépression
Une harmonisation par le bas pour les chômeurs et les retraités
La généralisation de la précarité
2. Plus de justice sociale
Une réduction des inégalités
En offrant à chacun un revenu identique dès la naissance, le revenu de base assure un capital économique de base identique à tous les citoyens. Il favorise par là l'égalité des chances. De plus, si le revenu de base est principalement financé par l'impôt direct, il sera surtout financé par les contribuables les plus aisés. Cela aura aussi pour conséquence de réduire les inégalités de revenu.

Persistance des inégalités de capital économique
Un revenu de base versé à tous ne changera pas fondamentalement les inégalités de réussite. Tout d'abord, il y aura toujours des différences de capital économique, notamment des différences de patrimoine conséquentes qui génèreront des différences de revenu importantes : certains individus bénéficieront de revenus tirés de rentes (loyers, terrains, actions), tandis que d'autres n'en bénéficieront pas.
Persistance des inégalités de capital culturel
De plus, il existera encore des différences de capital culturel, de qualifications intellectuelles qui ne susciteront pas les mêmes chances de réussite (notamment scolaires).
C'est la redistribution des richesses qu'il faut modifier
Enfin, on ne peut fondamentalement réduire les inégalités sans remettre en question la redistribution des richesses. Instaurer un revenu de base à tous ne réduira pas fondamentalement les inégalités.
Accentuation des inégalités entre pays riches et pays pauvres
Par ailleurs, instaurer un revenu de base en France ou en Union européenne augmentera les inégalités entre les pays riches et les pays pauvres, puisque les pays pauvres ne pourront financer un tel revenu. Cela ne fera qu'accentuer une injustice à l'échelle du monde entre des individus qui ne travailleront pas ou peu et auront un niveau de vie conséquent, et d'autres qui travailleront cinquante heures ou plus par semaine dans des conditions difficiles et survivront à peine.
Accentuation des inégalités entre travailleurs et chômeurs
De même, au sein des pays qui instaureront un revenu de base, les inégalités se creuseront entre ceux qui travailleront, et toucheront un revenu supplémentaire, et ceux qui ne travailleront pas et toucheront simplement le revenu de base.
Seul un financement par l'impôt direct réduit les inégalités
Même si financer le revenu de base par l'impôt direct contribue à réduire les inégalités, tous les modèles de revenu de base ne reposent pas sur un tel financement.
Objection à l'argument « Plus de justice sociale »
Injustice d'un revenu de base identique pour riches et pauvres
3. Un meilleur rapport au travail
De meilleures conditions de travail
En offrant aux individus un revenu suffisant pour bien vivre sans travailler, le revenu de base change le rapport de force entre employeurs et employés, en faveur des employés : ces derniers pourraient alors négocier des salaires plus attractifs et de meilleures conditions de travail.

Tout dépend du montant
Ce cas de figure ne paraît pas envisageable pour tous les cas où le montant du revenu de base n'est pas suffisant pour bien vivre.
Une situation irréaliste
De plus, cette inversion du rapport de force est tellement éloignée de la situation présente qu'elle nécessiterait, pour être réalisée, des luttes sociales d'ampleur qui ne semblent pas être au goût du jour.
Une baisse de la compétitivité économique
Voir les arguments plus loin : Une baisse de compétitivité.
La possibilité de se libérer du travail salarié
En offrant aux individus un revenu suffisant pour bien vivre sans travailler, le revenu de base facilite grandement le refus du travail, entendu en son sens étymologique de tripalium, de torture. Le revenu de base est une condition essentielle de l'émancipation du travail aliénant, le travail salarié.

Tout dépend du montant
Une fois de plus, cette possibilité n'a de sens que si le revenu de base est d'un montant suffisant
Un temps libre imprégné de la logique productive du travail
Il ne suffit pas d'un revenu de base décent pour se libérer de l'emprise du travail salarié : les temps sociaux hors du travail, le « temps libre », sont dans notre société toujours conditionnés par les logiques du travail salarié.
Ne pas se libérer du travail mais du capitalisme
Ce n'est pas le travail en soi qui est aliénant, mais le travail tel qu'il est conçu dans la société capitaliste. Si les travailleurs pouvaient s'approprier le produit de leur travail et en décider collectivement le devenir, leur travail n'aurait pas du tout le même sens et pourrait n'induire ni exploitation ni aliénation.
La suppression des trappes à inactivité
En donnant la possibilité de cumuler le revenu de base et un salaire, apporté par un emploi, le revenu de base ne crée pas de « trappe à inactivité », c'est-à-dire de situation dans laquelle il est plus intéressant économiquement d'être au chômage que d'avoir un emploi.

Une situation négligeable
Ces « trappes à inactivité » ne représentent qu'une proportion minime de chômeurs, car ce n'est pas l'intérêt économique qui guide les personnes en situation de chômage, mais principalement la reconnaissance sociale apportée par un emploi.
4. Une bonne chose pour l'économie du pays
Une incitation à la création d'entreprises
En offrant à tous un revenu suffisant pour bien vivre, le revenu de base permet à ceux qui voudraient créer une entreprise d'avoir un « filet de sécurité » au cas où celle-ci ne marche pas. Le revenu de base favorise ainsi le développement d'activités risquées, ou qui ne sont pas forcément rentables à court terme.
Une relance de la consommation
En distribuant à tous une somme non négligeable d'argent, le revenu de base fait augmenter le pouvoir d'achat des ménages et permet de relancer la consommation.
Une réduction du chômage
Imaginons qu'un revenu de base soit instauré ; le revenu de base s'ajoute alors au salaire que l'on a en travaillant. Le revenu de base permet donc aux travailleurs de toucher un revenu de même montant que leur ancien salaire sans travailler autant d'heures. Par là le revenu de base favorise la réduction du temps de travail, et par conséquent la création d'emplois pour les chômeurs.
Une simplification administrative et fiscale
Puisque le revenu de base est inconditionnel, il est versé sans aucun contrôle ou presque. L'administration habituellement chargée de vérifier qu'il n'y a pas de fraude aux aides sociales que le revenu de base remplacerait (minimas sociaux, allocations familiales, aide au logement, aides à l'emploi, bourses scolaires et universitaires) n'aurait alors plus de place.

La mise au chômage d'une partie du personnel administratif
Cette simplification administrative conduit à mettre une partie du personnel administratif au chômage.
Objections à l'argument « Une bonne chose pour l'économie du pays »
Voir les arguments CONTRE plus bas : Un désastre économique.
5. Une mesure adaptée à l'économie du 21e siècle
Adaptée à la situation de chômage de masse
Le revenu de base prend tout son sens dans une société où une grande partie de la population est au chômage. Plutôt que de chercher sans cesse à faire baisser les « chiffres du chômage », ce que tous les gouvernements essaient de faire sans que cela ait réellement d'effet, il faut commencer par accepter le fait que le chômage de masse est une tendance durable de nos sociétés industrialisées.

Le chômage de masse n'est pas une fatalité
Il est tout à fait possible de réduire le taux de chômage.
Adaptée à l'exigence de flexibilité de la main-d'œuvre
Depuis les années 1980, les entreprises privilégient une main-d'oeuvre flexible, sur le modèle des travailleurs intérimaires et des contrats de travail permettant une gestion « souple » du personnel. Le revenu de base, parce qu'il est un filet de sécurité pour les travailleurs précaires, est alors une mesure qui permet de satisfaire la demande de flexibilité des entreprises, sans compromettre les conditions de vie des travailleurs précaires.

La généralisation de la précarité
Si le montant du revenu de base est peu élevé, la généralisation du travail précaire a un coût social fort. Il s'agit dans ce cas d'une régression sociale, contre laquelle il s'agit justement de lutter.
Adaptée à la situation de « travail invisible »
Le « travail invisible » désigne l'ensemble du travail qui n'est pas rémunéré dans la société, du bénévolat au travail domestique (cuisine, ménage, courses, soin des enfants, bricolage, etc.). Ce travail invisible est considérable à l'échelle nationale et pourtant il n'est pas rémunéré. Le revenu de base offrirait alors une compensation monétaire à ce travail effectué sans salaire.

Une incitation au travail gratuit
Considérer que le revenu de base rétribue le bénévolat peut avoir pour effet pervers d'inciter les entreprises et les collectivités à déléguer une partie du travail salarié, et donc rémunéré, à des associations ou des particuliers faisant ce travail généreusement, gratuitement. Cela peut donc contribuer à faire perdre des emplois.
Adaptée au capitalisme cognitif
Le développement du secteur tertiaire est la base d'une nouvelle économie qualifiée de « capitalisme cognitif », qui a profondément changé la nature du travail. Entre autres choses, le capitalisme cognitif se caractérise par l'importance du travail intellectuel, qu'il est difficile de mesurer en heures de travail et donc de rémunérer de façon adéquate par un salaire calculé sur la base d'un certain nombre d'heures de travail. Or, parce qu'il n'est pas établi sur la base d'un temps de travail, le revenu de base est en ce sens un mode de rétribution particulièrement adapté au capitalisme cognitif.

Une forme de capitalisme marginale à l'échelle mondiale
Bien que la dimension « cognitive » du capitalisme se soit considérablement renforcée à partir des années 1980, cette dimension est encore relativement marginale, surtout si l'on considère le capitalisme à l'échelle mondiale, et non pas seulement à l'échelle des pays industrialisés. En effet, à l'échelle mondiale, c'est une forme traditionnelle (« fordiste ») de capitalisme qui domine, caractérisée par le travail non-qualifié et le travail à la chaîne.
Une forme de capitalisme marginale même dans les pays à la pointe du développement
De plus, même dans les pays les plus à la pointe de l'économie comme les États-Unis, la majorité des emplois créés sont des emplois non-qualifiés (y compris dans le secteur des services).
Arguments CONTRE
1. Un financement impossible
Un financement impossible
Financer un revenu d'entre 400 et 1500 euros par mois pour les citoyens majeurs, et de la moitié pour les citoyens mineurs, est un coût colossal pour une société. Financer un tel dispositif est irréaliste.
Objections à l'argument « Un financement impossible »
On a dit de même pour les systèmes des retraites et d'assurance maladie
Différents modèles de financement
Différents modèles réalistes de financement du revenu de base ont été proposés.
Le modèle proposé par Génération libre

Le modèle proposé par Baptiste Mylondo
Le chercheur en économie et philosophie politique Baptiste Mylondo propose un système de financement du revenu de base basé sur :
- la suppression d'aides sociales existantes (minimas sociaux, aides à l'emploi, allocations familiales, aide au logement, bourses scolaires et universitaires) ;
- une hausse de 35 points de la Contribution sociale généralisée (CSG).

Le modèle proposé par Jacques Marseille

Le modèle proposé par Daniel Häni et Enno Schmidt

Le modèle proposé par Jean-Marie Monnier et Claudio Vercellone
Les chercheurs en économie Jean-Marie Monnier et Claudio Vercellone proposent un modèle de financement du revenu de base qui consiste à :
- supprimer certaines aides sociales existantes (minimas sociaux, aides à l'emploi, allocations familiales, allocation d'adulte handicapé) ;
- restaurer les allègements de différentes charges et impôts (charges aux entreprises, impôt de solidarité sur la fortune, impôts sur les revenus du patrimoine) ;
- instaurer de nouvelles taxes (taxe de 20% sur les revenus de capitaux mobiliers, taxes Tobin et Keynes sur les transactions financières).
2. Un désastre économique
Plus personne n'ira travailler
Si un revenu est versé sans obligation de travailler, une grande partie des gens feront le choix de moins travailler, voire de ne pas travailler du tout. Cela touchera particulièrement les travaux pénibles, qui risqueront d'être désertés. Au final, c'est la production nationale qui risque de baisser.

Des études et des sondages qui tendent à prouver que non
Différentes expérimentations de revenu de base ont eu lieu, et à chaque fois la baisse du nombre d'heures travaillées a été relativement faible. De même, des sondages demandant aux personnes interrogées si elles continueraient à travailler si elles touchaient un revenu de base ont révélé que la majorité des personnes continueraient de travailler, tout en considérant que les autres ne travailleraient plus.
Un besoin de travailler
Les êtres humains n'aiment généralement pas rester passifs, assis sur une chaise longue toute la journée. Ils ont besoin de travailler, notamment pour accomplir certains besoins d'interaction sociale, d'estime ou d'accomplissement de soi.
Un montant qui incite à travailler
Il est tout à fait possible de fixer un montant de revenu de base suffisamment inférieur au salaire minimum pour inciter les gens à travailler. C'est d'ailleurs ce que font un grand nombre de partisans en proposant un montant bien inférieur au SMIC.
Reconsidérer les travaux pénibles
De même, différentes choses pourraient être faites pour que les travaux pénibles soient malgré tout pris en charge. En particulier :
- essayer de diminuer au maximum les travaux pénibles ;
- mieux rémunérer les travaux pénibles ;
- mêler les tâches pénibles aux tâches intéressantes et gratifiantes ;
- instaurer un service civique ou un service d'intérêt général de tâches collectives.
Une hausse de productivité
Ce n'est pas parce que le nombre d'heures travaillées diminue que la production baisse. Les heures non travaillées peuvent être compensées par l'augmentation de la productivité. En effet, la majorité des fois qu'il y a eu une réduction du temps de travail, on a constaté que la productivité augmentait.
La baisse de la production ne signifie pas la détérioration du bien-être
Le produit intérieur brut (PIB) ne mesure pas le bonheur ou le bien-être. Ce n'est pas parce qu'il risque d'y avoir une diminution du PIB que les gens vivront moins bien.
Une baisse de production nécessaire et souhaitable
Au contraire, la décroissance du PIB est une bonne chose pour l'humanité et l'environnement. Le revenu de base est en ce sens un premier pas souhaitable vers la simplicité volontaire et la décroissance.
Un remède à la souffrance au travail
De nombreuses souffrances physiques et psychologiques sont liées au travail. Une réduction du temps de travail induite par un revenu de base pour tous permettrait d'en réduire le nombre.
Une baisse de compétitivité
Si tous les citoyens d'un pays reçoivent un revenu de base suffisant pour vivre sans travailler, de nombreux emplois à bas salaire risquent d'être délaissés. Une conséquence probable est que pour attirer les gens à ces emplois, les employeurs doivent augmenter les salaires. Il en résulte pour les entreprises de ce pays une baisse de compétitivité économique, dommageable pour l'économie nationale.

C'est pour cela qu'il faut instaurer un revenu de base à une échelle supra-nationale
Étant donnée la compétition économique internationale, il faut viser l'instauration d'un revenu de base à une large échelle, mondiale ou notamment européenne, de façon à limiter la concurrence entre les différents pays.
Une plus grande flexibilité du travail
Avec l'instauration d'un revenu de base, la baisse de la compétitivité n'est pas une fatalité. Tout dépend du montant du revenu de base. À un montant faible, le revenu de base peut servir de « filet de sécurité » à une flexibilisation plus poussée du travail, garante d'une meilleure compétitivité.
Une hausse de productivité
De même, si le revenu de base amène les gens à réduire leur temps de travail, cela ne veut pas forcément dire que la production horaire va baisser. À chaque réduction du temps de travail, on a toujours constaté que la productivité augmentait.
Un risque d'inflation
Donner un revenu de plusieurs centaines d'euros à chaque citoyen risque de faire augmenter les prix des produits de consommation courante, parce que les vendeurs se diront que les consommateurs disposent de plus d'argent dédié à ces dépenses (de la même façon que l'aide au logement a fait augmenter le prix des loyers, parce que les propriétaires se sont dit que les locataires disposaient de plus d'argent pour leur logement).
Un risque de fraude pour les expatriés
Donner un revenu de base à tous les citoyens comporte le risque qu'une partie d'entre eux partent vivre à l'étranger, notamment dans un pays où le niveau de vie est moins élevé, et bénéficient du revenu de base sans en apporter de contrepartie.

Un revenu de base en monnaie locale non convertible
Une solution à ce problème est de fournir un revenu de base dans une monnaie qui ne peut être utilisée que dans la zone définie, et qui ne soit pas convertible dans une autre monnaie.
3. Une déconnexion entre revenu et travail
Un non-sens économique
Instaurer un revenu de base revient à distribuer à tous une somme d'argent sans exiger en retour un travail ; cela revient à déconnecter le revenu du travail. Or l'argent à partir duquel est financé le revenu de base provient du travail de nombreux travailleurs, quel que soit le mode de financement du revenu de base, car la valeur économique naît du travail. Si rien n'assure le fait qu'une partie importante de la population continue de travailler, c'est la possibilité même de financer le revenu de base qui s'effondre.

Une déconnexion qui tend à devenir la norme
La déconnexion entre le revenu et le travail est déjà bien amorcée. C'est une tendance des sociétés industrialisées contemporaines qui se matérialise notamment par :
- l'accroissement de la part des prestations sociales (notamment chômage) au sein du PIB ;
- l'importance des externalités positives dans la création de valeur économique.
Des mécanismes régulateurs
Des mécanismes peuvent inciter les personnes touchant un revenu de base à exercer un travail salarié. Par exemple, si le montant du revenu de base n'est pas suffisant pour bien vivre, une grande partie des personnes seront conduites à travailler. Le travail pourra, en ce sens, toujours être la source de financement du revenu de base.
Un principe immoral
Donner un revenu aux gens sans contrepartie est immoral. Cela revient à payer les gens à ne rien faire.

La dignité humaine
Simplement du fait qu'il existe, tout être humain doit recevoir de la société de quoi vivre. La dignité humaine fonde un droit à un revenu pour tous.
Tout le monde produit de l'utilité sociale
Les individus ne sont que très rarement inactifs. En majorité, les retraités ou les chômeurs accomplissent des choses utiles à la société, qui ne sont simplement pas comptabilisées dans le PIB.
4. Un risque d'immigration massive
Un risque d'immigration massive
Si un revenu est distribué à tous les habitants ou citoyens d'un pays sans contrepartie, un très grand nombre de personnes vont vouloir vivre et s'installer dans ce pays. L'immigration risque alors de considérablement progresser.

L'immigration est source de richesse
Loin d'être un problème, l'immigration est source de richesses économiques et culturelles. Elle participe au développement économique du pays d'accueil comme des pays d'origine. Sans immigration, le développement des sciences et des arts n'aurait pas non plus été ce qu'il est aujourd'hui.
Tout dépend des conditions d'accès au revenu de base
Ce n'est pas parce que le revenu de base est donné sans contrepartie qu'il est offert à n'importe qui. Pour la plupart des défenseurs du revenu de base, celui-ci n'est offert qu'aux citoyens du pays concerné, ce qui limite considérablement le nombre de ses bénéficiaires. D'autres y ajoutent des conditions supplémentaires en liant le revenu de base à un « contrat civique », auquel doivent souscrire ses bénéficiaires.
5. Une accentuation de la marchandisation
Une accentuation de la marchandisation
En donnant aux individus de quoi s'acheter les marchandises de base, le revenu de base ne sort pas de la logique de la marchandisatioṇ, selon laquelle les choses s'achètent et se vendent contre de l'argent. À l'inverse, distribuer ces biens de base (nourriture, eau, logement, etc.) sous la forme d'un service public gratuit, payé par les impôts, lutte contre la tendance à la marchandisation du monde.
6. Un mauvais combat politique
Une mesure à l'encontre de diverses revendications collectives
Alors qu'elle est présentée comme progressiste, la proposition du revenu de base va à l'encontre des revendications exprimées par les collectifs de chômeurs et de femmes, qui aspirent non pas à une allocation plus importante qui leur permettrait de rester chez eux, mais à obtenir un emploi digne. De la même façon, la refonte du système des retraites proposée par certains défenseurs du revenu de base conduit à niveler les pensions retraites vers le bas, à l'inverse des revendications collectives des travailleurs et retraités.
Une revendication trop imprécise
Selon si son montant est faible ou élevé, le revenu de base peut être un progrès ou bien une régression sociale (en particulier pour les versions libérales du revenu de base). En ce sens, défendre l'instauration d'un revenu de base quel qu'en soit le montant est dangereux.
L'abandon de la lutte pour le plein-emploi
En faisant de l'instauration d'un revenu de base une lutte prioritaire, ou en rejetant catégoriquement l'importance d'un emploi pour tous, on est conduit à abandonner la lutte pour le plein-emploi. Or cette dernière est nécessaire à un changement politique radical, dans la mesure où c'est principalement au sein du monde du travail que se crée un rapport de force propice à changer la société.
L'abandon de la lutte pour une meilleure protection sociale
Un grand nombre de défenseurs du revenu de base s'appuient sur les lacunes du système de protection sociale actuel (assurance chômage, pension de retraite et sécurité sociale) pour lui opposer le dispositif du revenu universel. Dans le meilleur des cas, ils renoncent à lutter contre le démantèlement de ces services publics et leur renforcement ; dans le pire des cas ils légitiment leur casse.
Une roue de secours du capitalisme
Un revenu de base d'un montant suffisant pour vivre pleinement amène à faire disparaître le marché du travail, qui est essentiel au bon fonctionnement de l'économie capitaliste. Au sein de cette économie, seul un revenu de base d'un montant relativement faible, légitimant la précarité maximale du travail, apparaît donc possible. Ce revenu de survie n'est alors qu'un moyen de préserver un système économique qui dégrade la vie d'une majorité de la population, alors que c'est ce système qu'il faudrait changer.
Plutôt qu'un revenu de base, d'autres revendications
D'autres mesures permettraient de réaliser une partie ou l'ensemble des choses permises par un revenu de base, sans en présenter les inconvénients.
- Fondé sur un droit à l'emploi, le salaire à vie serait financé par le travail de tous, et préparerait une sortie du capitalisme.
- L'extension des droits sociaux (droits à la santé, à l'éducation, au logement, etc.), sous forme de services publics gratuits pour tous, améliorerait considérablement les conditions de vie de l'ensemble de la population.
- Une réduction massive du temps de travail, réparti entre tous, alliée à une interdiction des licenciements, métamorphoseraient notre rapport au travail, qui serait ainsi libéré à de nombreux égards.
Objection à l'argument « Un mauvais combat politique »
Un dispositif applicable dès maintenant
Notes et références
- ↑ Voir « How is Basic Income defined? ».
- ↑ Selon les groupes et personnes, le revenu de base est aussi appelé : « revenu universel », « revenu inconditionnel », « revenu inconditionnel suffisant », « revenu d'existence », « revenu minimum d'existence », « revenu social », « revenu social garanti », « allocation universelle », « revenu de vie », « revenu de citoyenneté », « revenu citoyen », « dotation inconditionnelle d'autonomie » ou « dividende universel ». Même si toutes ces expressions ne sont pas identiques, elles partagent suffisamment de caractéristiques pour être assimilées au projet du revenu de base.
- ↑ Voir http://revenudebase.info/2012/12/06/evelyn-forget-experimentation-mincome-canada/.
- ↑ Voir http://revenudebase.info/tag/inde/.
- ↑ Voir http://revenudebase.info/tag/namibie/.
- ↑ Voir la page dédiée à cette initiative citoyenne européenne sur le site du Mouvement français pour un revenu de base, dont la pétition pour une nouvelle initiative européenne, après que celle proposée en 2013 n'a pas obtenu le million de signatures de citoyens des États membres.
- ↑ Voir la page du B.I.E.N. suisse consacrée à cette initiative populaire.
- ↑ http://www.unidivers.fr/revenu-de-base-finlande-allocation-universelle-argent-travail/
- ↑ http://www.senat.fr/rap/r16-035/r16-035.html
- ↑ http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/10/21/revenu-de-base-les-propositions-des-candidats-a-la-presidentielle_5018302_823448.html
Pour aller plus loin

Bibliographie
- Yoland Bresson, Le revenu d'existence ou la métamorphose de l'être social, L'esprit frappeur, 2000.
- Jean-Marc Ferry, L'allocation universelle. Pour un revenu de citoyenneté, Cerf, 1995.
- Clémentine Lebon et Olivier Le Naire, Le revenu de base. Une idée qui pourrait changer nos vies, Actes Sud, 2017.
- Mouvement français pour un revenu de base, Pour un revenu de base universel. Vers une société du choix, Edition du Détour, 2017.
- Baptiste Mylondo, Un revenu pour tous ! Précis d'utopie réaliste, Utopia, 2010.
- Philippe Van Parijs et Yannick Vanderborght, L'allocation universelle, La Découverte, Paris, 2005.

Sitographie
- http://revenudebase.info/ : le site du Mouvement français pour un revenu de base, qui rassemble les principales parutions et évènements autour du revenu de base.
- http://www.allocationuniverselle.com/ : le site de Marc de Basquiat, auteur d'un modèle de financement du revenu de base, qui inclut une simulation en ligne montrant les conséquences d'un revenu de base financé par un impôt proportionnel.
- http://www.allocation-universelle.net/ : un site à vocation pédagogique sur le revenu de base, réalisé par François Jortay, chercheur en économie appliquée.
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Revenu_de_base : la page de l'encyclopédie Wikipédia sur le revenu du base.
- http://www.wikiberal.org/wiki/Allocation_universelle : la page de l'encyclopédie libérale et libertarienne Wikibéral sur le revenu de base.
- http://basicincome.be/fr/ : le site du Réseau belge pour le revenu de base.
- http://www.revenudexistence.org/ : le site de l'Association pour l'instauration d'un revenu d'existence.

Vidéographie
- Dessine-moi l'éco : le revenu de base : courte vidéo de présentation du revenu de base, de ses modalités et des principaux arguments pour et contre.
- Heu?reka : le revenu de base expliqué simplement par le youtubeur Heu?reka.
- Le revenu de base, une impulsion culturelle : un documentaire de Daniel Häni et Enno Schmidt qui présente et défend l'idée d'un revenu de base inconditionnel.
- La chaîne Youtube du Mouvement français pour un revenu de base : rassemble de nombreux clips, conférences et autres vidéos en lien avec le revenu de base.
- Conférence gesticulée « Travail libre, revenus de base et autres rêvolutions » : spectacle à visée pédagogique autour du revenu de base, conçu par Alexis Lecointe.
- Émission d'Arrêt sur images entièrement consacrée au revenu de base : réalisée par Daniel Schneidermann et Anne-Sophie Jacques, avec comme invités Bernard Friot, Baptiste Mylondo et Michel Husson.
Débats connexes