La théorie du Grand remplacement exprime la peur d'un choc culturel, mais n'est pas forcément raciste
Résumé
Citations
« Si certains individus qui s’en réclament sont évidemment susceptibles de s’inscrire dans une perspective raciste, considérer que la notion elle-même est une « théorie raciste » apparaît fallacieux. La concept de grand remplacement renvoie avant tout à une dimension culturelle, aux mœurs et aux modes de vie. C’est notamment ce qu’explique le professeur François Héran lorsqu’il évoque l’aspect « qualitatif » de cette thèse. Michèle Tribalat n’affirme pas autre chose lorsqu’elle déclare : « Il me semble que son succès [de la notion de grand remplacement] vient de son pouvoir d’évocation de certaines situations vécues. Elle a un sens figuré qui évoque l’effondrement d’un univers familier que vit, ou craint de vivre, une partie de la population française : disparition de commerces, et donc de produits auxquels elle est habituée, habitudes vestimentaires, mais aussi pratiques de civilité, modes de vie… »[22] »
« Dans un ouvrage paru à l’automne 2020, le journaliste et auteur Marc Edenweld rapportait les confidences de plusieurs collaborateurs de l’Elysée affirmant que le président Emmanuel Macron reprenait régulièrement l’expression de « grand remplacement » lors de conversations avec ses équipes au sujet de l’immigration et de l’Islam[1]. Pareille anecdote venue du sommet de l’État confirme à quel point ce concept, né dans les marges politiques et littéraires auxquelles certains auraient voulu le circonscrire, occupe désormais une place centrale dans le débat public. »