Dieu répond trop à nos désirs pour qu'il ne soit pas une invention humaine
Résumé
Citations
« Dieu, ou le rêve absolu, ou l’absolu rêvé : un infini d’amour, de justice, de vérité… Je suis pour, comme la plupart des gens, je veux dire que je préférerais qu’il existe ; mais ce n’est pas une raison suffisante pour y croire, et même c’en est une, bien forte, pour s’y refuser. Certains s’en étonnent : « Si vous préférez que Dieu existe, me disent-ils, alors il faut y croire ! » Mais non, au contraire ! C’est justement parce que je préférerais que Dieu existe que j’ai de fortes raisons de douter de son existence. Je préférerais aussi qu’il n’y ait plus jamais de guerre, ni de pauvreté, ni d’injustice, ni de haine. Mais si quelqu’un me l’annonce pour demain, je le tiens pour un rêveur, qui prend ses désirs pour la réalité – ou pour un terroriste, s’il prétend m’imposer son rêve. Pourquoi préférerais-je que Dieu existe ? Parce qu’il correspond à mes désirs les plus forts. Cela suffirait, si j’étais porté à croire, à m’en dissuader : une croyance qui correspond à ce point à nos désirs, il y a lieu de craindre qu’elle n’ait été inventée pour les satisfaire (au moins fantasmatiquement). Car enfin reconnaissons que la réalité n’a guère coutume, c’est le moins que l’on puisse dire, de combler à ce point nos espérances. »