Sans cause première, la série des causes ne peut être expliquée

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Débat parentCet argument est utilisé dans le débat Dieu existe-t-il ?.
Mots-clés : Argument cosmologique, Cause première, Dieu, Causalité, Univers[ modifier ].

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« Peut-on affirmer que l’existence de la totalité des éléments est expliquée, l’existence de chaque élément étant expliquée par un autre ? Là aussi, il faut répondre par la négative. Car il faudrait affronter cette contradiction, à savoir qu’une totalité trouverait en elle-même l’explication de son existence, alors qu’aucun de ses éléments ne trouve la sienne en lui-même. Si l’existence de chaque élément de la série est intégralement dépendante d’un autre élément de la série, l’existence de la série tout entière se trouve causalement infondée. C’est un peu comme si l’on expliquait la présence du reflet d’une chose dans un miroir par l’action d’un précédent reflet de cette chose dans un autre miroir, ad infinitum, sans jamais poser l’existence de la chose reflétée. Ce type d’explication revient à résoudre un problème en le poussant sous le tapis. Or, c’est ce que se borne à faire l’explication scientiste de l’existence de la totalité, qui présuppose constamment l’existence de ce qu’elle prétend expliquer. Elle s’en tient en effet à décrire une chaîne infinie d’êtres qui ont tous reçu l’existence sans qu’aucun ne la détienne jamais par soi. Dès lors, la série tout entière a besoin d’une cause, qu’elle peut trouver en elle-même, puisque rien en son sein n’existe par soi. Le fait que les parties soient en nombre infini ne change rien à l’affaire. »

Frédéric Guillaud, Dieu existe, p.102-103, Éditions du Cerf, Paris, 2013.

« Voyons de plus près comment démontrer que la régression à l’infini ne peut pas rendre compte de l’existence d’une série. Admettons une infinité réelle d’états du monde le long de la ligne du temps. Admettons, comme le suggère le scientisme, que chaque état antérieur rende vraiment compte de l’existence de l’état suivant (c’est nécessairement la thèse implicite du scientisme, qui prétend rendre ainsi compte de l’existence même de l’univers et non seulement de son état). Numérotons-les à partir du présent, en allant vers le passé : e(0), e(-1), e(-2), e(-3), etc. On peut alors affirmer que, selon le naturalisme, tout état donné du monde est causé par l’état qui le précède. En outre, il y a autant d’états pairs que d’états impairs, c’est-à-dire une multitude réellement infinie (que l’on note traditionnellement N0). Faisons ensuite deux ensembles : celui des états pairs et celui des états impairs. Pour tout élément de l’ensemble des états pairs, il existe un élément de l’ensemble des états impairs qui en est la cause : e(-5) cause e(-4), e(-3) cause e(-2), etc. On pourra donc dire que l’ensemble des états impairs est la cause de l’ensemble des états pairs. Mais, la chaîne étant infinie, il est également vrai que l’ensemble des états pairs est la cause de l’ensemble des états impairs. Nous nous retrouvons donc dans un cas de causalité circulaire. Or, si l’on prétend vraiment rendre compte de l’existence des choses, la causalité circulaire n’explique rien puisqu’elle suppose que chacun des effets se précède lui-même pour causer sa propre cause. En effet : si A est cause de B et B cause de A, alors A est cause de A. Ce qui nous ramène ici à la cause de soi, qui est inconsistante. Une interaction entre deux choses déjà existantes est tout à fait possible, mais une causalité productrice réciproque, qui rende compte de l’existence des choses, notion bien différente, ne l’est évidemment pas. »

Frédéric Guillaud, Dieu existe, p.107, Éditions du Cerf, Paris, 2013.

RéférencesRéférences

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