Les statistiques du nombre d'ouvriers d'industrie dans les pays industrialisés sont à manier avec des pincettes

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Mots-clés : Classe ouvrière[ modifier ].

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« Ces chiffres sur les effectifs de l’industrie sont à manier avec des pincettes. Les statistiques contribuent largement à sous-estimer le nombre réel de travailleurs de ce secteur – et les patrons eux-mêmes ont contribué à cet effort, en externalisant de très nombreuses tâches qui étaient, auparavant, exécutées en interne. Ainsi, dans le passé, les tâches d’entretien, de contrôle, de nettoyage, de logistique, etc., étaient assurées par des salariés de l’usine, qui entraient donc dans la catégorie des salariés de l’industrie. Aujourd’hui que ces tâches sont exécutées par des sous-traitants, les salariés de ces sous-traitants, qui n’ont pas changé de métier mais seulement de bleu de travail, deviennent des employés de services ! Il est bien sûr impossible de savoir combien de travailleurs de l’industrie sortent ainsi des statistiques, mais on peut probablement faire confiance à un porte-parole de la très patronale Fédération des industries métallurgiques de Grande-Bretagne, qui déclarait il y a quelques années dans le Financial Times : « L’industrie manufacturière crée une large portion de l’industrie des services en sous-traitant ses activités. […] L’industrie pourrait représenter jusqu’à 35 % de l’économie – au lieu des 20 % généralement acceptés – si elle était mesurée en faisant usage de définitions statistiques appropriées. » Alors certes, le prolétariat ne se limite pas aux ouvriers d’industrie ; mais il est absurde et mensonger de prétendre que celui-ci aurait disparu ou serait en passe de disparaître. »

« La catégorie socioprofessionnelle des ouvriers selon l’I.N.S.E.E. est en effet devenue trop restrictive sous l’effet de la transformation de certains emplois de production répertoriés désormais du côté des services (manutention, logistique, etc.). Les salariés d’exécution de service occupent des emplois socialement voisins de ceux des autres ouvriers. Ainsi un magasinier sera-t-il classé comme ouvrier s’il travaille dans un atelier ou comme employé s’il exerce son activité dans une grande surface commerciale. »

Julian Mischi, Nicolas Renahy, « Classe ouvrière », Encyclopædia Universalis.

« Au sein du « tertiaire » qui comprend 75 % des salariés, il faut compter avec les employés, et les ouvriers qui n’apparaissent plus comme tels, dont le statut et/ou l’emploi ont été « tertiarisés ». Soit l’emploi relevait des fonctions « supports » de l’industrie : nettoyage, maintenance, etc., et a été externalisé, soit il a tout simplement « basculé » sur le papier dans la case « services ». Les ouvriers intérimaires, même s’ils occupent un emploi industriel (presque un demi-million aujourd’hui), sont systématiquement comptés comme « employés » parce que leur employeur, les agences d’intérim sont des sociétés de services. L’important est que si, au sens de l’INSEE, les « employés » du « tertiaire » sont la « CSP » la plus grande, ils ne constituent aucunement une classe autonome. »

Courant communiste révolutionnaire du NPA, La classe ouvrière en France : Mythes & réalités, n°2, mai 2014.

RéférencesRéférences

Arguments pourJustifications

Arguments contreObjections

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