Le terme « populiste » n'est pas rigoureusement défini

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Mots-clés : Front national, Populisme[ modifier ].

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« Le recours à la qualification de populisme et à ses variantes, le national-populisme, selon le néologisme formé par Pierre-André Taguieff (1984) ou bien encore le néo-populisme, selon le titre de l'histoire du FN proposée par Erwan Lecoeur (2003), pose plusieurs problèmes. Le premier tient au flou qui entoure ce terme : on ne sait jamais très bien si son usage correspond à une exigence scientifique, ou au sens commun ou journalistique. La littérature spécialisée regorge de livres et d'articles s'efforçant d'affronter ce problème. »

Michel Wieviorka, Le Front national, entre extrémisme, populisme et démocratie, Maison des Sciences de l’Homme, 2013.

« La confusion des repères et le brouillage du clivage gauche/droite sont permis et aggravés par l’usage fort répandu de la notion de populisme. En Amérique latine, au cours de la période allant des années 1930 aux années 1960 le terme de populisme correspondait à une réalité spécifique : des gouvernements nationaux populaires ou des mouvements rassemblés autour de figures charismatiques – Vargas, Perón, Cardenas – disposant d’un soutien populaire important et développant une rhétorique anti-impérialiste. Or, l’usage qui est fait du terme aujourd’hui en France et en Europe est vague et imprécis. Ainsi, à propos du Front national, P.-A. Taguieff définit le populisme comme « un style rhétorique qui est lié directement à l’appel au peuple ». D’autres politologues réfèrent le populisme à « une position politique qui se situe du côté du peuple contre les élites » : une caractérisation qui peut convenir pour presque tous les partis et mouvements ! »

Michael Löwy, Francis Sitel, « Le Front national dans une perspective européenne », Contretemps, 17 octobre 2016.

« La référence au terme de populisme renvoie à une histoire qui convoque les Narodniki russes des années 1840-1880, marchant vers le peule pour assurer la rédemption du pays à partir des campagnes (Venturi 1972) ; le People's Party des petits paysans du Sud, du Middle West et de l'Ouest des Etats-Unis, en lutte contre la haute finance et les grandes compagnies et plaidant pour le bimétallisme ; les mouvements et les régimes des années 1930 à 1960 dans toute l'Amérique latine, etc. Mais ces acteurs sont fort différents les uns des autres. Il est hasardeux d'en proposer un concept fédérateur. […] Situer principalement le FN dans leur sillage, c'est risquer de passer à côté de bien des spécificités des uns et des autres. Or, comme le souligne Annie Collovald avec détermination (Collovald 2003), c'est aussi minimiser d'autres lignées historiques, le fascisme, le pétainisme et Vichy, l'OAS, l'appel à une violence qui, contrairement à celle des Narodniki ayant viré au terrorisme, ne peut prétendre en aucune façon être émancipatrice, c'est gommer le caractère d'extrême droite du Front national. »

Michel Wieviorka, Le Front national, entre extrémisme, populisme et démocratie, Maison des Sciences de l’Homme, 2013.

« On peut s'étonner de voir resurgir la notion de « populisme » pour qualifier le parti de Marine Le Pen, tant les mises au point académiques sur le sujet ont été nombreuses par le passé. D'une part, en effet, le terme a perdu toute signification à force d'être utilisé pour désigner un ensemble toujours plus large de personnalités ou de phénomènes (de Margaret Thatcher au chanteur Renaud, de Bernard Tapie au guide Michelin, du général Boulanger à Internet, de Lech Walesa au mouvement altermondialiste, etc.). D'autre part, le plus petit dénominateur commun entre ses multiples manifestations réside dans un style politique d'appel au peuple – style qui ne saurait être considéré comme une nouveauté au FN, il faut donc admettre que cette notion est impropre à qualifier le parti de Marine Le Pen, même si la présidente du parti le revendique pour elle-même (précisément parce qu'elle est moins « stigmatisante » que l'étiquette d'extrême droite qui est généralement accolée au FN). »

Alexandre Dézé, Le Front national : à la conquête du pouvoir ?, Armand Colin, 2012.

RéférencesRéférences

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