Le projet des retraites de 1910 en France a été sévèrement dénoncé par la CGT et le Parti ouvrier

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Mots-clés : Retraite, Retraite par répartition, CGT, Parti ouvrier[ modifier ].

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« En France, en 1906, Clemenceau créa un ministère du Travail, confié au transfuge socialiste Viviani. Son gouvernement lança le projet de loi sur les « retraites ouvrières et paysannes ». Il s'agissait d'instaurer une retraite obligatoire pour les travailleurs de plus de 65 ans, financée par les ouvriers eux-mêmes. C'était l'ancêtre de notre système de retraite par répartition. Ce projet présenté par l'ancien syndicaliste Aristide Briand devenu ministre, fut combattu par la majorité de la CGT. Elle dénonçait « l'escroquerie des retraites ouvrières » et considéraient, au regard de l'espérance de vie de l'époque, que « les Chambres ont voté une retraite pour les morts ». Jules Guesde, seul député socialiste à voter contre la loi, refusait « tout prélèvement sur les salaires ouvriers ». Il réclamait « des impôts spéciaux n'atteignant que les privilégiés du capitalisme industriel et terrien ». Pour la CGT comme pour Guesde, c'était au patronat de financer les retraites, pas aux travailleurs. »

Lutte ouvrière, « Les syndicats hier et aujourd’hui », Cercle Léon Trotsky, n°121, 15/10/2010.

« Lors de l'adoption de la loi, tous les députés du groupe socialiste votèrent le texte à l'appel de Jaurès, sauf un, Jules Guesde, qui proposa un amendement supprimant « tout prélèvement sur les salaires ouvriers » et son remplacement par « des impôts spéciaux n'atteignant que les privilégiés du capitalisme industriel et terrien ». Pour Guesde, faire payer les travailleurs pour une retraite qu'ils avaient déjà largement gagnée, c'était un vol de plus. Les syndicalistes de la CGT, eux non plus, n'avaient pas désarmé : à la fin de 1909 et au début de 1910, juste avant le vote, la CGT avait organisé une grande campagne contre la loi, avec des meetings dans plus de soixante-dix villes, dénonçant « l'escroquerie des retraites ». »

Lutte ouvrière, « Les retraites : faire face à l'attaque qui se prépare contre la classe ouvrière », Cercle Léon Trotsky, n°92, 31/01/2003.

« Les militants de la CGT – ou du moins une grande majorité d'entre eux – refusaient l'idée même que c'est aux ouvriers de cotiser pour leurs retraites. En outre, ils rejetaient le projet de Waldeck-Rousseau en raison de la faiblesse des pensions de retraite promises ou encore de l'âge de la retraite, fixé d'abord à 65 ans. Et puis, ils s'opposaient au principe même d'une caisse de retraite capitalisant l'argent des travailleurs. Car cela faisait que les cotisations des travailleurs, prêtées à l'État ou aux entreprises contre un intérêt, obligeaient les ouvriers à contribuer au développement du capitalisme. »

Lutte ouvrière, « Les retraites : faire face à l'attaque qui se prépare contre la classe ouvrière », Cercle Léon Trotsky, n°92, 31/01/2003.

« En 1910, la première loi sur les retraites ouvrières et paysannes fut promulguée en France. Elle entendait généraliser le système de cotisations ouvrières et patronales déjà instauré dans le secteur des mines à la fin du 19e siècle. Loin de satisfaire les revendications des travailleurs, elle fit également l’objet d’âpres discussions à l’intérieur de la CGT, comme du Parti socialiste. Le courant révolutionnaire qui existait au sein de ces deux organisations s’y opposa fortement, se heurtant à la poussée du courant réformiste qui allait l’emporter. »

Lutte ouvrière, « Les révolutionnaires face aux premières lois sur les retraites », Lutte de classe, n°203, novembre 2019.

« Jules Guesde et Paul Lafargue, dirigeants et fondateurs du Parti ouvrier (PO), appartenaient à l’aile révolutionnaire du mouvement socialiste. Guesde qualifiait les cotisations de retraite ainsi mises en place de « vol impudent des deniers prélevés sur le salaire des ouvriers ». […] Dans une brochure intitulée Contre l’escroquerie des retraites ouvrières, la CGT continua d’expliquer avec Guesde que cette loi n’était qu’un « édifice colossal et des plus cyniques de l’époque capitaliste ». Il fallait bien une retraite, payée par les patrons, mais une retraite « pour les vivants, pas pour les morts » (Confédération générale du travail, Contre l’escroquerie des retraites ouvrières, Paris, Maison des fédérations, 1910) ! »

Lutte ouvrière, « Les révolutionnaires face aux premières lois sur les retraites », Lutte de classe, n°203, novembre 2019.

« La CGT organisa au cours du mois de février 1910 plus de soixante meetings contre le projet de loi et publia de nombreux tracts, affiches et brochures. Elle appela durant plusieurs années les travailleurs à refuser tout prélèvement et à brûler leurs livrets de retraite sur les places publiques. […] Dans la CGT, ceux qui se rallièrent à l’idée de Jaurès selon laquelle il fallait « accepter les lois bourgeoises [qui sont] au moins un acquis… et que nous ne pouvons pas obtenir d’un seul coup tout ce que nous estimons juste », demeurèrent minoritaires jusqu’au déclenchement de la Première Guerre mondiale. »

Lutte ouvrière, « Les révolutionnaires face aux premières lois sur les retraites », Lutte de classe, n°203, novembre 2019.

RéférencesRéférences

Arguments pourJustifications

Arguments contreObjections