Le dimanche rouge de janvier 1905 c'est la terreur du régime tsariste qui tire sur la foule pacifique venue demander du pain et la démocratie
Résumé
Citations
« Lénine n'est plus lu. Fabuler à son propos, paraît sans risque […] Or des textes concernant la question de la violence il y en a grande quantité […] on y voit un Lénine foncièrement étranger au culte de la violence dont on le prétend adepte […] ces textes démentent tous les thèses et les comportements qu'ils lui imputent […] Ils font du recours prolétarien hélas souvent inévitable en période révolutionnaire à la violence, voire à la terreur la seule réponse possible à la primordiale violence terroriste des classes possédantes et des forces contre-révolutionnaires - violence ordinaire incessante, violence extraordinaire féroce dès les premiers temps de la révolution […] violence déchaînée de la contre-révolution militairement organisée et internationalement financée. »
« A lire Werth I on apprend, par exemple, que la fusillade des manifestants pacifiques du Dimanche rouge à Saint-Pétersbourg en janvier 1905 fit plusieurs centaines de morts et des milliers de blessés (p. 38) la répression de 1906 à Moscou "un millier de tués parmi les insurgés", mille autres furent condamnés à mort, le nombre des incarcérés et déportés "dépassa 40.000"(p. 50 et 56), qu'en 1912 une simple grève dans des mines d'or motiva une fusillade qui "fit 270 morts et autant de blessés" (p.70) … Mais la prise en considération globale de ces très nombreuses violences n'est nulle part effectuée, et aucun texte d'inspiration impériale ou nobiliaire qui en défendent le principe n'est évoqué. De ce côté pas d' "idéologie terroriste"… »
« Pour les historiens pressés soucieux de régler leur compte à Lénine sans se contraindre à y aller voir par eux-mêmes, le livre de Dominique Colas est une véritable aubaine. Car lui a lu Lénine, avec soin, et en connaissance du texte russe, bien que presque seul de son genre, il en donne les références dans l'édition française. Mais en même temps l'image qu'il trace de Lénine est proprement épouvantable. Dès le premier paragraphe de l'introduction, avant donc la moindre référence à l'oeuvre, on nous annonce que Lénine est le véritable créateur d'une "société inhumaine", qu'il "a souhaité la guerre civile, qu'il a ordonné les camps de concentration, la terreur de masse et l'extermination des koulaks", de sorte que ce serait un véritable "escamotage" que d'en imputer la responsabilité à Staline. »
« Je ne vais pas examiner dans le détail comment l'auteur réussit cet exploit, car c'en est un, de paraître déduire de maintes citations exactes de Lénine des appréciations politiques entièrement préétablies […] : "Le léninisme est le développement de la perversion en politique sous une fome massive et organisée". Je caractériserai seulement la stratégie d'ensemble […] : faire autant que possible abstraction du contenu de la politique léninienne pour braquer le projecteur sur les aspects violents de ses seules formes, d'autant plus aisément présentables comme son essence qu'en même temps le projecteur est peu braqué sur les violences premières de l'adversaire. Le livre de Dominique Colas ne comporte aucun chapitre sur l'analyse de l'impérialisme, la conception qu'a Lénine du socialisme ou la portée de son internationalisme ; il s'ouvre sur un chapitre consacré à "l'hystérie" et s'achève sur un autre intitulé "Terreur et brutalité" … Et voilà pourquoi ce Lénine est muet : on réussit -et c'est de l'art- à le citer sans jamais lui donner la parole. »