Lénine a fait l'éloge de la terreur

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Débat parentCet argument est utilisé dans le débat Lénine est-il le précurseur de Staline ?.
Mots-clés : Léninisme, Révolution russe, URSS, Terreur, Bolchévisme, Totalitarisme[ modifier ].

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CitationsCitations

« "L’H. : A-t-il en tête le modèle de la Révolution française, de la Terreur de 1793 ?" "N. W. : Oui, c’est une page de l’histoire universelle que Lénine a tout particulièrement étudiée. Naturellement, la Révolution française constitue une référence, une leçon historique majeure."

 »

Nicolas Werth, « Lénine est aussi coupable que Staline », L'Histoire, n°324, octobre 2007.

« L’éloge de la terreur par Lénine, qui a toujours revendiqué son jacobinisme et a pris comme un honneur d’être traité de Robespierre et ceci dès l’apparition en 1903 de la fraction bolchevique au sein du Parti ouvrier social démocrate russe, est bien antérieur à 1922, ou même 1917. Et même à 1914 : un des points que je voudrais montrer, et qui répond au texte de Stéphane Courtois, est que l’impact de la guerre mondiale fut négligeable sur la valorisation de la terreur par Lénine et qu’elle ne fut pas une rupture. »

Dominique Colas, « Lénine et la terreur de masse », Quand tombe la nuit, L'Âge d'Homme, Lausanne, 2001.

« Je souhaiterais surtout faire apparaître ce qu’est la fonction et le fonctionnement de la « terreur de masse » pour Lénine. La formule mérite des guillemets puisqu’elle appartient en propre au système conceptuel et lexical de Lénine : elle apparaît, au plus tard, pour la première fois dans le contexte de la révolution de 1905, elle est martelée pendant le printemps et l’été 1918. Mais le concept, sinon le terme, est utilisé ultérieurement ; ainsi, en avril 1921, Lénine affirme que les mencheviks et les socialistes-révolutionnaires veulent « livrer les masses à la terreur des gardes blancs » mais qu’à la « terreur blanche » doit répondre la « terreur rouge ». Et, j’y insiste, dans tous les cas où il y fait référence, la « terreur de masse » conduite par les bolcheviks est valorisée. »

Dominique Colas, « Lénine et la terreur de masse », Quand tombe la nuit, L'Âge d'Homme, Lausanne, 2001.

« Lénine considère que la participation la plus large du prolétariat à la terreur, mais bien sûr guidé par le parti, est souhaitable. En témoigne notamment sa protestation adressée à G. Zinoviev qui, en juin 1918, s’est opposé au « terrorisme de masse » en réponse à l’assassinat d’un dirigeant du Soviet de Petrograd. Le texte, daté du 26 juin 1918, vaut d’être cité en entier :

« Camarade Zinoviev,

C’est aujourd’hui seulement que nous avons su au CC [Comité Central] que les ouvriers de Petrograd voulaient répondre à l’assassinat de Volodarski par une action terroriste de masse et que vous (non personnellement, mais les membres du CC à Petrograd où les membres du CP [Comité de Petrograd]) les en aviez empêchés.

Je proteste énergiquement !

Nous nous compromettons : même dans les résolutions des Soviets des députés, nous brandissons la menace du terrorisme de masse, mais quand nous arrivons au fait, nous freinons l’initiative révolutionnaire des masses, parfaitement juste.

Cela est im-po-ssi-ble !

Les terroristes [sans doute des socialistes-révolutionnaires] vont nous prendre pour des chiffes. Le moment est d’une extrême gravité.

Il faut encourager l’énergie et le caractère de masse du terrorisme visant les contre-révolutionnaires, ceci particulièrement à Petrograd, car son exemple est décisif.

Salutations !

Lénine »

Cette directive s’inscrit dans une série de textes faisant l’éloge de l’insurrection armée, de la guerre civile et de la violence de masse. Ainsi, en janvier 1917, Lénine exposait-il son regret qu’en 1905 les paysans n’aient pas été assez combatifs pour « débarrasser définitivement la terre russe de cette ignominie qu’est la grande propriété foncière féodale » et pendant toute la révolution de 1905 il n’avait cessé d’appeler à la violence insurrectionnelle. »

Dominique Colas, « Lénine et la terreur de masse », Quand tombe la nuit, L'Âge d'Homme, Lausanne, 2001.

« Et quand un journal de droite (Dien juin 1917) estime que son mot d'ordre "tout le pouvoir aux Soviets" signifierait "verser dans le jacobinisme et la Terreur ", il rétorque par un éloge du jacobinisme "qui fut l'un des points culminants" atteints par une classe opprimée dans la lutte pour son émancipation. Il affirme que les jacobins, qui dit-il, auraient certainement lutté pour le socialisme ne purent remporter une victoire complète - ce qui est un eupémisme - en raison de l'absence "des bases matérielles du socialisme, les banques, les syndicats capitalistes, l'industrie mécanique, les chemins de fer faisant défaut". Lénine se présente comme le Robespierre de la locomotive et Robespierre comme le Lénine à qui elle aurait manqué pour construire le socialisme ! »

Dominque Colas, Lénine politique, p.62, Chapitre 2 "Vers la prise du pouvoir (avril-juillet 1917) "; (Lénine oeuvres, tome 25 p; 124 7 juillet (24 juin) 1917), Fayard, Paris, 2017.

RéférencesRéférences

Arguments pourJustifications

Arguments contreObjections

  • Argument contreLe 20 septembre 1919 Lénine conteste la terreur en rapportant un article américain anti-interventionniste selon lequel en 1918 "le gouvernement finlandais a été beaucoup plus terroriste que le gouvernement bolchevik".
  • Argument contreLes 2 et 5 décembre 1919, il ne justifie pas le terrorisme mais renvoie l'accusation
  • Argument contreLe 20 aout 1918 Lénine désapprouve les terreurs française de 1793 et britannique de 1649
  • Argument contreLe 26 juin 1918 Lénine répondait à une violence terroriste
  • Argument contreEn mai 1918 Lénine compare ses contradicteurs communistes et SR de gauche aux petits-bourgeois révolutionnaires de 1793 et 1794
  • Argument contreEn juin 1917 Lénine se réclame d'un jacobinisme du XXème siècle sans effusion de sang
  • Argument contreEn octobre 1917 Lénine se réfère au Danton de 1792

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