Lénine a dissout l'Assemblée constituante de janvier 1918

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Débat parentCet argument est utilisé dans le débat Lénine est-il le précurseur de Staline ?.
Argument pourCet argument est une justification de Lénine était un ennemi de la démocratie.
Mots-clés : Léninisme, Révolution russe, URSS, Terreur, Bolchévisme, Totalitarisme, Démocratie, Assemblée constituante[ modifier ].

RésuméRésumé

CitationsCitations

« Le 18 janvier 1918, se réunit enfin l’Assemblée constituante, première assemblée élue en Russie au suffrage universel libre – et dernière avant 1991 –, où les bolcheviks n’avaient que 168 députés sur 703. Une manifestation de plus de 50 000 personnes, qui défilaient, drapeaux rouges en tête, pour soutenir cette assemblée, fut dispersée à coups de mitrailleuses, laissant plus de vingt morts sur le pavé. Et après quelques heures de réunion, l’Assemblée fut militairement interdite. Lénine venait d’assassiner la démocratie russe. »

Stéphane Courtois, « Lénine, l'inventeur du totalitarisme », Le Figaro – Histoire, n°30, février-mars 2017.

« C’est dans ce climat que le nouveau pouvoir s’achemine rapidement vers la signature de l’acte de naissance du régime totalitaire que l’on peut dater du 18 janvier 1918, lorsque prend fin le double jeu de Lénine avec la démocratie, symbolisé par la dissolution par la force de l’Assemblée constituante. Le processus a commencé le 5 décembre, lorsque Lénine a fait arrêter la commission chargée d’établir les résultats électoraux et l’a remplacée par une commission bolchevique qui, néanmoins, ne parviendra pas à masquer le fait que les bolcheviks sont loin de disposer d’une majorité, même après la scission à gauche intervenue chez les socialistes-révolutionnaires. Les partisans de l’Assemblée ayant manifesté pour qu’elle entame ses travaux, Lénine fait interdire le pardi constitutionnel-démocrate (K-D, libéral) et arrêter des dizaines de ses députés, supprimant du même coup l’immunité parlementaire. Puis il exige que les députés socialistes-révolutionnaires de droite – la majorité de l’Assemblée – soient rappelés par leurs électeurs et chassés de l’Assemblée ; s’ils n’acceptent pas de bonne grâce, il menace de la guerre civile qu’il nomme expressément « extermination sanglante des riches ». Enfin, le 15 décembre, il inaugure la logique du « mauvais peuple » ou du « peuple imbécile » en déclarant : « Lors des élections, le peuple a voté pour ceux qui n’exprimaient pas sa volonté, ses désirs. » Et le 17 décembre : « Il ne faut pas espérer que le prolétariat des campagnes ait l’intelligence claire et ferme de ses intérêts. Seule la classe ouvrière peut l’avoir. » Comprenons : le Parti bolchevique. Quelques décennies plus tard, Brecht résumera parfaitement cette logique en évoquant « les dirigeants politiques mécontents qui souhaitent dissoudre le peuple et en "élire" un autre ». Dès lors, l’assassinat prémédité de la première assemblée élue en Russie au suffrage universel – et la dernière avant 1991 – est programmée, comme le confirme la création de la Tcheka, la police politique, le 20 décembre. Le dernier acte se joue le 18 janvier 1918, d’abord dans la rue, où Lénine, pour la première fois depuis mars 1917, fait tirer sur une manifestation pacifique de partisans de l’Assemblée, provoquant une douzaine de morts et des dizaines de blessés. Puis, dans la salle de l’Assemblée, entièrement sous contrôle des milices bolcheviques, Lénine tente sans succès de faire voter une « Déclaration des droits du peuple travailleur » qui s’oppose clairement à la Déclaration des droits de l’homme. La nuit même l’Assemblée est dispersée par la force. Sa mort officialise la naissance du régime totalitaire. »

Stéphane Courtois, « Guerre et totalitarisme », Communisme et totalitarisme, Perrin, Paris, 2009.

RéférencesRéférences

Arguments pourJustifications

Arguments contreObjections

  • Argument contreL'Assemblée constituante ne reflétait plus l'état d'esprit des masses révolutionnaires
  • Argument contreLa dissolution de l'Assemblée constituante était nécessaire à la signature de la paix
  • Argument contreL'Assemblée constituante était moins démocratique que la démocratie des soviets

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